Deux soeurs décident de quitter leur Ohio natal pour réussir à New York, Ruth veut devenir écrivain, et Eileen actrice de théâtre. Cette dernière rend fou tous les hommes qui l'approchent.
Les dernières publications:
« Indiscrétions » (The Philadelphia Story) de George Cukor (1940)
Dexter Haven et Tracy Lord se séparent sur un brutal constat d'échec : leur mariage part à vau-l'eau. Dexter boucle ses valises et Tracy continue de fréquenter la meilleure société. Deux années plus tard, Tracy est sur le point de se remarier avec George Kittredge, un politicien promis à un brillant avenir...
« Arsenic et vieilles dentelles » (Arsenic and Old Lace) de Frank Capra (1944)
Abby et Martha Brewster, deux vieilles dames respectables mais quelque peu fantasques, partagent leur maison de Brooklyn avec leur neveu Teddy. Rivalisant de fantaisie avec ses tantes, celui-ci s'est mis en tête de creuser une réplique du canal de Panama dans la cave. Bienveillantes envers chacun, les deux soeurs coulent ainsi des jours tranquilles jusqu'à ce qu'un autre neveu, l'anticonformiste Mortimer, découvre avec horreur un cadavre dans un de leurs coffres. Il apprend bientôt que les deux aïeules, mues par la compassion et sûres de faire une bonne action, empoisonnent de vieux messieurs solitaires pour leur éviter une fin de vie misérable...

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Mes visionnages
« Ma soeur est capricieuse » (My sister Eileen) d’Alexander Hall (1942)

Deux soeurs décident de quitter leur Ohio natal pour réussir à New York, Ruth veut devenir écrivain, et Eileen actrice de théâtre. Cette dernière rend fou tous les hommes qui l'approchent.
Fiche Technique
- Titre original: My sister Eileen
- Année: 1942
- Pays: Etats-Unis
- Genre: Comédie
- Réalisation: Alexander Hall
- Scénario: Joseph A. Fields, Jerome Chodorov
- Production:Columbia Pictures
- Interprétation: Rosalind Russell, Brian Aherne, Janet Blair, George Tobias, Allyn Joslyn, Grant Mitchell, Gordon Jones, The Three Stooges
- Durée: 1h37
Fiche Technique
- Titre original: My sister Eileen
- Année: 1942
- Pays: Etats-Unis
- Genre: Comédie
- Réalisation: Alexander Hall
- Scénario: Joseph A. Fields, Jerome Chodorov
- Production:Columbia Pictures
- Interprétation: Rosalind Russell, Brian Aherne, Janet Blair, George Tobias, Allyn Joslyn, Grant Mitchell, Gordon Jones, The Three Stooges
- Durée: 1h37
• Avis •
★★★★★
___Ruth (Rosalind Russell) rêve d’écrire pour un journal, Eileen (Janet Blair) de brûler les planches. Pour concrétiser leurs rêves, les deux sœurs décident de quitter leur province de Columbus (Ohio) pour New-York, au grand regret de leur père. La ville, pleine de promesses semble être le lieu de tous les possibles. Mais sur place, les deux jeunes femmes vont aller de désillusion en désillusion. Sans le sou, elles doivent pour commencer se résoudre à accepter l’offre de logement d’un marchand de sommeil immigré grec, Mr. Appopolous (George Tobias). L’artiste peintre aussi excentrique que malhonnête les installe dans un studio miteux situé en plein sous-sol et juste au-dessus d’une rame de métro en construction. Par le soupirail qui donne sur la rue, elles assistent au défilé des badauds dont elles subissent les remarques déplacées et les regards inquisiteurs. Tandis que Ruth court désespérément après un journal qui accepte de la publier, Eileen se fait courtiser par tous les hommes de la ville.

___Deux ans après « His girl Friday » de Howard Hawks, Rosalind Russell campe de nouveau une journaliste indépendante au caractère bien trempé dans cette adaptation de la pièce de Joseph A. Fields et Jerome Chodorov. Le scénario est inspiré de la propre expérience de la journaliste Ruth McKenney que cette dernière partagea dans les années 30 à travers une série de courtes histoires publiées dans The New Yorker. Elle y racontait les folles péripéties traversées par sa sœur et elle lors de leur arrivée à Greenwich Village après avoir quitté leur province natale de l’Ohio. Les aventures semi-autobiographiques de ces deux provinciales désargentées déboulant à New York rencontrèrent un grand succès populaire. Au-delà de la pièce de théâtre, pas moins de deux films, un livre, une comédie musicale, un programme radiophonique et une série TV furent ainsi adaptés des écrits de McKenney. Le film offrit en outre à Rosalind Russell sa première nomination aux Oscars en 1942. Bien qu’elle ne décrocha pas la statuette, il permit à l’actrice de confirmer son talent.






Ruth a rédigé à l’avance un article dithyrambique sur la prestation de sa soeur dans la pièce d’Ibsen dont la première est prévue le soir-même. Au dernier moment, Eileen se fait cependant voler la vedette par la fille du propriétaire d’un journal de la ville. Une tragédie pour l’aspirante comédienne qui voit le rôle lui passer sous le nez au profit d’une concurrente pistonnée. Quant à Ruth, ne pouvant plus empêcher la publication de l’article avec la photo de sa soeur en pleine page, elle entrevoit, impuissante, le désastre à venir…

Ruth (Rosalind Russell) et Eileen (Janet Blair) plus unies que jamais dans l’adversité.
___Ruth et Eileen Sherwood sont aussi différentes que complémentaires. La première est travailleuse, ambitieuse, intelligente et sérieuse ; la deuxième est frivole, superficielle et insouciante. Malgré la précarité de leur situation, l’amour indéfectible qu’elles se portent permet pourtant aux deux sœurs de surmonter tous les obstacles avec une bonne humeur et un optimisme quasi inébranlables, rendant les deux jeunes femmes aussi irrésistibles de drôlerie qu’attachantes.
___Toute sa vie, Ruth a servi de faire-valoir à sa sÅ“ur dont elle est à la fois la protectrice et la première admiratrice. Jouant le rôle de mère de substitution, elle est cependant aveuglée par l’amour absolu qu’elle lui porte. Elle rédige à sa gloire un article partial avant même d’avoir vu la pièce dans laquelle elle joue et subit sans broncher toutes les conséquences des actes irréfléchis de sa sÅ“ur pour laquelle elle est prête à tous les sacrifices. Agissant dans l’ombre de sa cadette dans un désintéressement absolu et sans la moindre jalousie, elle est un modèle de résilience et d’autodérision. Consciente de ne pas tenir la comparaison avec les atouts physiques de sa sÅ“ur, Ruth sait qu’elle peut en revanche compter sur son esprit et son intelligence pour se faire une place dans la jungle New-Yorkaise. Grâce à son franc-parler, elle attire l’attention de l’éditeur Robert Baker dont elle prend le parti au cours d’une discussion houleuse entre lui et le propriétaire du journal The Manhatter au sujet de la ligne éditoriale de la revue. Dans le même temps, Eileen voit les soupirants défiler à ses pieds: de l’employé d’un drugstore Frank Lippincott au journaliste Chic Clark, les prétendants (plus ou moins bien intentionnés) se bousculent dans le salon du petit studio.
___ La réalisation ne souffre d’aucun temps mort et nous emporte dès les premières secondes, au rythme des dialogues endiablés et des péripéties toujours plus extravagantes et pleines d’entrain. Les personnages secondaires, tous plus excentriques les uns que les autres se succèdent dans un défilé joyeusement désorganisé : de l’ancienne locataire Effie, prétendue « voyante » aux activités troubles au couple de jeunes tourtereaux mariés en secret et dont le mari (un colosse ancien footballer désormais au chômage), noie son oisiveté dans les tâches ménagères.








___ Tous déboulent dans la vie des deux soeurs, envahissant sans vergogne leur studio, profitant de la naïveté d’Eileen et du bon cœur de Ruth, incapable de refuser quoi que ce soit à sa cadette. Dès lors, on assiste à une surenchère de quiproquos et de situations burlesques qui atteint son point culminant avec l’arrivée en fanfare d’un groupe de cadets de marine portugais en permission se mettant à poursuivre les deux jeunes femmes au son d’une rumba décoiffante.
___ Véritable bouffée de bonne humeur, « My sister Eileen » est une comédie pétillante et loufoque dont le charme repose à la fois sur l’antagonisme des personnalités des deux sœurs Sherwood et leur sincère affection réciproque. Rosalind Russell est exquise dans le rôle de la sœur reléguée au second-plan, au physique sans éclat mais brillante de répartie. Tirant à brûle-pourpoint, ses répliques tantôt spirituelles tantôt sarcastiques font infailliblement mouche et sont énoncées avec une justesse de ton et un sens de l’à -propos jubilatoires ! Entourée d’individus autocentrés soucieux de tirer la couverture à eux (que ce soit sa sœur aspirante comédienne ou Baker ne la laissant pas placer un mot lors de leur premier rendez-vous), la journaliste-écrivain réussira pourtant à s’imposer le moment venu.




Quant à Eileen, devinant les véritables sentiments de sa sœur pour Baker, elle saura se faire oublier à son tour, laissant pour la première fois de sa vie le premier rôle à son ainée. Avec beaucoup d’intelligence, Rosalind Russell parvient ainsi à insuffler au personnage de Ruth un charme et une sensibilité maitrisés. A aucun moment le spectateur n’éprouve de la pitié ou de l’antipathie pour Ruth ; au contraire, sa droiture d’esprit et sa dignité en toute circonstance la rendent particulièrement attachante. Bien qu’éclipsée par le jeu ravageur de sa comparse, Janet Blair est quant à elle une Eileen convaincante. A la fois innocente et fragile, elle incarne avec justesse la délicieuse ingénue qui met tous les hommes à ses pieds, et attire autant les soupirants que les ennuis.


___ A grand renfort d’humour, le film désamorce astucieusement les situations lugubres les unes après les autres. Au-delà du simple antagonisme entre l’horizon étriqué de la province et l‘émulation de la vie citadine, il aborde ainsi les difficultés matérielles et les pièges qui guettent les jeunes gens avides de succès. A commencer par le dénuement et la précarité (illustrés par la difficulté de trouver un logement salubre et la répétition des mêmes repas spaghettis/boulettes de viande), ou encore la vulnérabilité des jeunes femmes isolées, cibles potentielles de prédateurs malintentionnés. Comédie oblige, les situations en apparence inextricables se dénouent cependant dans un enchaînement magistralement orchestré.




Irrésistible de drôlerie, « My sister Eileen » est une comédie savoureuse, portée par des personnages truculents et menée à un rythme effréné. Jouant sur l’antagonisme des deux personnages principaux, le scénario combine avec brio quiproquos, rebondissements inattendus et réparties délicieuses. Les intrigues et les personnages se mêlent dans un joyeux désordre parfaitement séquencé. Un concentré de bonne humeur et de légèreté aux ressorts comiques encore intacts de nos jours.